
Auxerre avance, Auxerre rêve. Quinze ans après avoir touché le fond, l’AJA s’installe de nouveau dans l’élite avec un projet clair, des bases solides et une envie de grandir. Mais jusqu’où peut aller la bande de Pélissier cette saison ?
Les espoirs
Quinze ans. Voilà presque quinze ans que stabilité et pérennité semblaient n’être qu’un rêve lointain pour l’AJ Auxerre. Après une longue traversée du désert, englués dans le ventre mou de la Ligue 2, voire pire, les Auxerrois se sentent enfin revivre. La ferveur est revenue, l’AJA rebrille sur la scène du football français, et le club retrouve l’ambition de grandir. En témoigne le beau projet d’agrandissement et de modernisation du stade Abbé-Deschamps.

Ce projet illustre surtout une sérénité retrouvée. Il marque une deuxième étape dans le plan de James Zhou, désireux de faire franchir un nouveau cap au club. L’objectif est double : renforcer l’image de l’AJA et, surtout, diversifier ses revenus avec une billetterie élargie et une boutique à la hauteur de l’engouement populaire.
Le club s’arme pour ne plus être ce « petit rescapé » dont tout le monde s’étonne de la survie en Ligue 1. Pour qu’une ville de 35 000 habitants continue d’exister dans un football dominé par les grandes métropoles, il faut capitaliser sur ses atouts : proximité avec Paris et ses aéroports, patrimoine culturel et historique unique, et aura incomparable en Bourgogne.
Mais cela ne suffit pas. James Zhou, homme d’affaires chevronné, le sait bien. Il a activé son réseau pour attirer de nouveaux sponsors, notamment chinois, dont X1, la nouvelle boisson énergisante qui ornera nos maillots pour un contrat bien plus valorisant que les précédents.

L’AJA est bâtie sur pierres…
Dans un retour aux sources, l’AJA a retrouvé ce qui a toujours fait sa force : la stabilité à tous les étages. La direction locale, saine et attachée au club, est épaulée par un propriétaire engagé et constant, un luxe quand on voit les déboires récents de clubs comme Lyon ou Bordeaux.

Mais la figure de proue de cette stabilité, c’est Christophe Pélissier. Héritier d’une méthode chère à Guy Roux, souvent adoubé par la légende elle-même, l’entraîneur auxerrois a su tirer profit de la formation maison tout en imposant un style clair et efficace.
En comparaison avec Jean-Marc Furlan, Pélissier se distingue par sa capacité à se remettre en question et à faire évoluer l’équipe. La saison passée en a été l’illustration parfaite : l’AJA a brillé dans plusieurs registres, en bloc bas face au PSG (0-0, J14), en contres tranchants contre l’OM (3-0 et 3-1, J11 et J23), ou en patron contre Brest, Lens et Rennes.
On a retrouvé l’ADN auxerrois : transitions chirurgicales, intensité défensive, et un bloc collectif infranchissable. Guy Roux ne pouvait qu’approuver.
Une préparation plus complète… mais des manques encore visibles
Lors de la première remontée, l’AJA avait dû bricoler dans l’urgence après des barrages éprouvants. Résultat : un début de saison laborieux, seulement 13 points à la mi-saison et une différence de buts de -19. La différence avec la seconde remontée, validée plus tôt, est flagrante : un mercato anticipé, un projet clair et un effectif bien plus prêt et construit à l’été. Bilan à mi-saison dernière : 22 points et une différence de buts beaucoup plus flatteuse (-2).
Pour 2025-2026, le maintien rapide de l’an passé a permis de travailler tôt sur le mercato. Malgré les départs prévus de Jubal et Perrin, les grandes lignes de l’équipe type étaient déjà tracées. Francisco Sierralta semble être le digne successeur de Jubal, mais le poste de meneur de jeu reste à pourvoir, un dossier à conclure avant le 17 août, date de la reprise face à Lorient.
En attaque, le doute persiste. Ni Bair, ni Ayé, ni Onaiwu n’apportent de garanties, tandis que Lassine Sinayoko pourrait partir, son contrat arrivant à échéance dans un an. Après une offre refusée de 6M€ du Dynamo Moscou et des négociations avec St. Pauli, le club s’active pour recruter un vrai buteur.
Nos pronostics
Avant de se lancer au grand jeu des pronostics, il convient de jauger notre championnat et nos principaux concurrents cette saison. Le niveau semble, à première vue, avoir baissé, promettant une compétition sur-dominée par un PSG encore plus seul dans son monde comparé aux équipes européennes qui semblent elles-même loin de toutes inquiétudes quant à la course au maintien.
Dans ce championnat à trois visages, l’AJA semble encore loin de se mêler aux deux premiers, et l’objectif de maintien du club est en adéquation avec ce constat. Mais qui seront nos adversaires de cette course au maintien, et où se situent-ils ?
Tout d’abord il y a des équipes qui, comme nous, conscientes de leur force jouent tout d’abord le maintien en tout premier lieu. Celles-ci sont Angers, Le Havre, Lorient, Metz, Nantes et Toulouse. En ajoutant à cela des équipes qui devraient tout de même être au-dessus de cette ligne de flottaison comme Lyon, Rennes ou encore le Paris FC, nous nous retrouvons donc dans un mini-championnat de 8 à 10 équipes. Parmi celles-ci, certaines semblent proche ou en plein coeur d’une crise comme Lyon et ses enjeux financiers majeurs ou le TFC, dont la préparation n’a rien de prometteur avec aucune victoire et plusieurs corrections 6-0 et 7-0, de quoi relativiser sur nos résultats en amicaux. Serions-nous donc dans l’archétype de ce dicton « Quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console » ?
En partant de ces multiples constats nous voyons l’AJA poursuivre un second maintien avec des renforts de dernière minute du mercato pour avoir une équipe compétitive à l’automne où de nombreuses affiches s’annoncent déterminantes avec le match à Rennes au bon souvenir du 4-0 de la saison passée, la réception du Havre, le déplacement à Angers ou encore le match à domicile face à Metz qui nous amèneront vers la mi-saison qui aura surement déjà pas mal de réponses. Mais, à l’heure actuelle, sans avoir ces premiers éléments de réponse, nous plaçons actuellement l’AJA aux alentours de la 13ème place, à quelques longueurs de l’inquiétude mais toujours au-dessus de la ligne de flottaison, le tout en attendant la concrétisation des promesses évoquées plus tôt.